Littérature engagée...








On parle de littérature « engagée » quand l’écrivain prend activement part à la vie sociale, politique ou
religieuse de son temps en mettant son œuvre au service d’une cause. En ce sens, il s’agit donc d’une littérature
de circonstance. L’écrivain n’est plus un simple observateur de son époque : il se sert de son art comme d’une
arme pour dénoncer des injustices, faire triompher sa vision du monde. L’œuvre n’est plus seulement pensée
en fonction de sa beauté ou de son sens, mais aussi en fonction de son efficacité dans le combat que mène
l’auteur. De ce fait, la littérature engagée est marquée par certains registres d’écriture (satirique, ironique,
polémique) qui renforcent l’efficacité du propos en impliquant le lecteur.
Même si certaines œuvres des siècles antérieurs en relèvent [...]
La littérature présente le paradoxe inhérent au fait qu’elle soit à la fois art et langage, de s’inscrire dans
une dimension universelle mais aussi actuelle. Nombre de polémiques ont eu lieu, sur la fonction qu’elle devait
ou non adopter, d’être utile ou d’être seulement expression artistique, sans autre légitimité que d’exister.
Théophile Gautier et les tenants de « l’art pour l’art » allaient jusqu’à refuser toute utilité à la littérature,
proclamant que « tout ce qui est utile est laid », tandis que dans un cercle bien proche, un Victor Hugo multipliait
les œuvres engagées ; Jean-Paul Sartre ira jusqu’à tenir « Flaubert et Goncourt pour responsables de la répression
qui suivit la Commune parce qu'ils n'ont pas écrit une ligne pour l'empêcher ». C’est pourquoi il est légitime de
se demander si la littérature peut et doit avoir pour mission d’élever sa voix contre les injustices.
Nous verrons donc si la littérature engagée est efficace et nécessaire.
Dans un premier temps, nous verrons qu’elle dispose de ressources qui lui donnent une efficacité toute
particulière, avant d’envisager ce que sont aussi ses limites ; enfin, nous verrons qu’elle peut avoir une manière
propre de s’engager dans la condition humaine, avec un message qui, par son universalité, peut trouver place
dans toute actualité.
[1ere PARTIE REDIGEE]
Il a été souvent jugé nécessaire en littérature d’élever sa voix contre les injustices, et cela de manière efficace.
En effet, la littérature touche un public particulièrement varié, non seulement selon ses goûts, mais à
travers les lieux et les époques. Le théâtre, le roman, l’apologue, la poésie sont autant de formes littéraires qui à
la fois touchent un public très large et très varié, et permettent d’allier le divertissement ou le plaisir à une
réflexion instaurée par l’auteur. Au XVIIe siècle, La Fontaine, sous couvert de fables pour les enfants, critiquait
de manière plaisante et piquante la cour ou la société et les comportements humains en général ; le siècle des
Lumières a usé encore plus de la diversité des formes littéraires : les contes philosophiques de Voltaire, aussi
bien que des pièces comme le Mariage de Figaro de Beaumarchais, que L’Encyclopédie, dénoncèrent des
injustices sociales, à chaque fois de manière tout à fait différentes, touchant ainsi des sensibilités différentes.
Notons encore que leurs dénonciations de la guerre, du fanatisme, de l’intolérance, trouvent un retentissement
puissant encore à notre époque : la littérature porte un message qu’elle peut rendre universel.
De plus, la littérature offre une variété de formes qui, en permettant de manier l’implicite ou l’explicite,
multiplie les stratégies argumentatives. Une même idée peut être défendue de différentes manières, soit
ostensiblement dans un texte purement argumentatif, comme dans un article de L’Encyclopédie, qui permet au
message d’être clair et percutant, soit plus implicitement, ce qui demande au lecteur une participation plus vive
pour comprendre le message. Candide de Voltaire aussi bien qu’une pièce comme Tartuffe de Molière, montrent
dans leurs structures même qu’un enseignement peut nécessiter un parcours personnel pour que son destinataire
trouve enfin à y adhérer. Candide est un personnage naïf prêt à croire le premier enseignement théorique qu’on
lui livre, et qui n’apprendra véritablement que de ses expériences ; de même, le lecteur est invité à recevoir le
message de Voltaire non par un développement explicite, mais de manière implicite, en suivant le récit des
aventures du personnage. Orgon, obnubilé par Tartuffe, ne comprendra jamais le message explicité de sa famille,et ne découvrira l’hypocrisie de son hôte que lorsque les siens mettront en place un stratagème qui lui dévoilera
implicitement les manigances du dévot ; la pièce elle-même, sous couvert de divertissement, fait suivre le même
chemin au spectateur, qui par l’implicite, apprend à se méfier des mensonges et des faux semblants. Cette variété
de stratégies permet ainsi de toucher le lecteur différemment : ou bien l’auteur peut choisir de convaincre par des
arguments qui font appel à la raison, comme dans « Autorité politique » de Dumarsais, ou bien il peut vouloir
toucher le lecteur dans sa sensibilité, en utilisant l’ironie ou le rire, qui établissent une complicité entre l’auteur et
le lecteur, comme le font Voltaire ou La Fontaine, ou en provoquant sa pitié ou sa colère, comme Victor Hugo
quand il nous dépeint la misère de Fantine ou Cosette dans Les Misérables. Ainsi, non seulement la littérature se
tourne vers un public varié, mais auprès des mêmes personnes, elle offre une rare diversité de moyens pour les
atteindre et les marquer en profondeur.

Enfin, la littérature se faisant l’écho des préoccupations humaines les plus profondes et les auteurs
possédant la capacité de les éclairer et de les communiquer, on peut difficilement accepter qu’ils ne s’impliquent
pas dans des causes sociales ou politiques.

La littérature occupe une place centrale dans la vie humaine depuis des siècles, façonnant les cultures,
exprimant les émotions, et explorant les complexités de l'expérience humaine.

Les fonctions de la littérature sont
multiples et complexes, allant au-delà de simples divertissements pour s'inscrire profondément dans la
compréhension de soi et du monde qui nous entoure. Cette dissertation explorera les diverses fonctions de la
littérature, mettant en lumière son rôle en tant que miroir de la société, instrument de réflexion philosophique,
moyen de transmission de la mémoire collective, et catalyseur de changement social.

En premier lieu, la littérature agit comme un miroir de la société, reflétant les valeurs, les normes et les
préoccupations de l'époque où elle est produite. Les œuvres littéraires captent les dynamiques sociales, les
tensions culturelles et les évolutions politiques, offrant ainsi aux lecteurs une fenêtre sur le monde qui les entoure.
Par exemple, les romans du XIXe siècle, tels que ceux de Charles Dickens, décrivent les inégalités sociales de
l'époque victorienne, offrant ainsi une critique sociale aiguisée.

En outre, la littérature est un instrument puissant de réflexion philosophique. Les écrivains explorent
souvent des questions fondamentales sur la nature humaine, la morale, l'existence et d'autres thèmes
philosophiques. Les romans de Dostoïevski, par exemple, plongent profondément dans les méandres de la psyché
humaine, remettant en question les idées préconçues et invitant les lecteurs à réfléchir sur leurs propres croyances.

La littérature joue également un rôle crucial dans la transmission de la mémoire collective. À travers les
récits, les poèmes et les romans, les sociétés préservent leur histoire, leurs traditions et leur identité culturelle.
Les épopées épiques, comme l'Iliade et l'Odyssée d'Homère, ont servi de fondements pour la transmission des
mythes et des valeurs grecques à travers les générations.

Enfin, la littérature peut être un catalyseur de changement social. Des œuvres telles que "Les Misérables"
de Victor Hugo ou "Le silence des agneaux" de Thomas Harris ont suscité des débats sociaux et ont contribué à
sensibiliser le public à des questions cruciales comme la justice sociale et la psychologie criminelle.



En conclusion, la littérature remplit des fonctions multiples et essentielles dans la société. En tant que
miroir de la société, instrument de réflexion philosophique, moyen de transmission de la mémoire collective et
catalyseur de changement social, elle enrichit notre compréhension du monde et de nous-mêmes. Ainsi, la
littérature demeure un pilier essentiel de la culture humaine, capable d'influencer, d'éduquer et de stimuler la réflexion à travers les générations.

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