Littérature togolaise, ''Elle'', Mme Tchassim, Ed Continents, 2017, 75 pages.

 Bonsoir et bienvenue dans votre rubrique À LA DÉCOUVERTE DE LA LITTÉRATURE TOGOLAISE 


 RUBRIQUE N°13












t photo : komi Agboyibo

Dans ce nouveau numéro, nous exploiterons la thématique du statut social de la femme dans _Elle_ de Koutchoukalo TCHASSIM, recueil de poèmes paru aux Éditons Continents en 2019.


AUTEURE :

Première femme Professeure titulaire et enseignant-chercheur en Lettres Modernes au Togo, Maître de conférence en littérature Africaine à l'Université de Lomé, Koutchoukalo TCHASSIM est née en 1967 à Yadé, dans la préfecture de la Kozah, Togo. Titulaire d'une maîtrise en sciences de l'Éducation, elle fut Directrice de l'Institut Confucius de l'Université de Lomé. Poétesse, essayiste, romancière, elle est auteure de plusieurs œuvres dont _Elle,_ la huitième, qui a remporté le Grand prix de la Littérature Togolaise FAC 2020, catégorie Poésie.


RÉSUMÉ ANALYTIQUE

Publié en 2019, reparti sur une superficie de 75 pages, ce recueil de poèmes est composé de 21 poèmes structurés en trois parties ou sections titrées différemment. La première section « Elle méprisée », conformément à la couverture de l’œuvre, est significative. L'auteur veut y faire comprendre que la gent féminine ne doit être résumée aux perles de la hanche, mais plutôt, elle doit se vouloir être réfléchissant. Dans cette session est peinte l'image des femmes marginalisées opprimées, dévaluées, sous estimées, dominées, méprisées pour cause de sa différence biologique, son sexe féminin. 


La deuxième session est intitulée « Elle qui se méprise ». Elles se méprisent elles-mêmes en exposant leurs rondeurs arrières et avant, ce qui attire souvent les hommes. Rappelons que c’est dans leurs actions et le regard que porte la société masculine sur elles qui font d’elles des êtres méprisés, car elles, la majorité, pensent que leur raison d’être est le mariage. Alors, ce n'est plus cette société qui les méprise, mais plutôt elles-mêmes. Cette session traduit cette femme qui se dénigre, se banalise, se dévalorise à cause des préjugés sur elle, du poids de l'influence de la société à son sujet. 


La troisième session est intitulée : « Ceux qui refusent de mourir ». Cette session est une invitation aux hommes à imprimer leurs noms dans l'histoire du monde comme certains illustres hommes à travers leurs œuvres afin de se rendre immortel. 


Au rang de la troisième œuvre, relevant du genre poétique tchasmique après la parution de _Les plaies_ en 2015 et _Je ne suis pas que Négatif_ en 2017, ce recueil titré _Elle_ est déjà révélateur de l'intention de l’auteur, celle de sa participation à travers l'écriture au combat face à l'injustice et l'inégalité subies par la femme. Marquée surtout par un ton plaintif, de protestation par rapport aux conditions de la femme, à son statut d'infériorité, de sexe faible prétendument fatal pour elle, la poétesse use de sa magie verbale du jaillissement permanent des images et la variété des rythmes, pour exprimer les réalités. Les poèmes « Je veux savoir » et « Jamais elle ne s'épanouira » en sont un exemple indéniable. Toujours dans cet univers poétique où se relatent les épisodes de ce triste feuilleton concernant la femme où elle ne semble avoir d'autres choix que de se résigner face à un tel abrutissement et préjugés rétrogrades, la femme, optant pour la passivité, se victimise, se dévalorise, quand on se réfère aux poèmes « L'être qui se banalise », p. 41, « Corps colonisé », p. 48, « Et celles qui se répugnent », p.51. Nous pouvons lire : 

« Je veux savoir

Savoir sans pleurnicher sur mon sort scellé

Suis-je cette lumière et mon sens ignoré

Savoir que je ne suis pas ce second sexe au sexe second »1.


Cependant, l'auteur dans le regret de la passivité de ces femmes, veut inciter à une prise de conscience qui manque aux siens à travers le poème « Et celle qui me câline » afin de les inciter à reprendre confiance en elles et de se voir capables de réaliser de grandes œuvres comme certaines femmes dans son poème « Les incapable ». Par la prise de conscience, la poètesse exhorte à l'équité genre à travers le poème « Ce jour-là » qui permettra à la femme de jouir pleinement de ses droits dans tous ses aspects, de faire régner la justice sociale et retrouver cette dimension si précieuse de la femme comme le chante le poème « La précieuse » :


Elle n’est pas vile

Elle est précieuse

Elle n’est pas rugueuse

Elle est moelleuse

Elle n’est pas acre

Elle est suave, Appétissante, Envoutante, Enivrante ».²


Cette partie fait comprendre que la femme ne doit pas se limiter à son sexe, mais elle doit être traitée au même titre que l’homme en parlant de l’égalité sociale entre les deux genres.

C’est un recueil de poèmes qui veut non seulement permettre à la femme de sortir de son cadre de stigmatisation afin de se prononcer librement, mais ceci doit être dans un respect et il faut que les hommes reconnaissent, ou leur accordent cette place qui leur est due.

Aussi, _Elle,_ c’est au rendez-vous de mettre une barrière entre l’ancienne conception/ classe traditionnelle et la nouvelle conception, donc la classe moderne. Cette classe traditionnelle tranche que la femme, sa place, c’est dans la cuisine donc elle n’a pas besoin d’aller à l’école comme l’affirmait un personnage de Seydou Badian³.

L’auteur, par ces mots, veut faire comprendre que l’image ancienne de la femme doit être reconstruite, recadrée, et c’est un travail qui doit commencer par elle-même contrairement à la société traditionnelle. 

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 ¹- _Elle_ , Koutchoukalo TCHASSIM, Ed. Continents, p16.

²- ibidem, p.55.

³- _Sous l’orage_ , Seydou Badian, Présence Africaine, 1957.


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Merci et à la prochaine.

Réalisation: Komi AGBOYIBO, rédacteur en chef ;

William Paterne ASSITO et Ami Albertine GAVON.

Commentaires

Anonyme a dit…
Merci beaucoup.
Bon travail.
Alex a dit…
La littérature togolaise...

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